Électrosensibilité: un combat sans répit pour Chantal Blais

Même si elle était bien consciente de tous les maux physiques et mentaux qu’elle devrait endurer en sortant de chez elle, la Magogoise Chantal Blais a une fois de plus pris son courage à deux mains, le 16 janvier dernier. Atteinte d’électrosensibilité, elle a bravé la douleur pour poursuivre sa mission de sensibiliser la population et les acteurs politiques sur les dommages causés par les champs électromagnétiques, dont ceux émis par les nouveaux compteurs intelligents.

Aux côtés de l’électricien de Magog, Jean-Claude Morin, ainsi que du représentant du groupe Estrie, Marc Robert, Mme Blais a raconté avec beaucoup d’émotion le calvaire auquel elle est confrontée quotidiennement, comme des centaines d’autres personnes au Québec. Un témoignage difficile à livrer par sa triste réalité, mais aussi en raison du fait que la conférence de presse s’est déroulée en présence d’une dizaine de membres de la presse, munis pour la plupart d’équipements technologiques émettant des ondes. Des appareils que la résidante de Magog doit, en temps normal, éviter à tout prix afin d’obtenir un certain répit de douleurs somme toute omniprésentes.

«Pour limiter mes souffrances, j’ai dû quitter mon logement à Magog que je partageais avec ma mère de 81 ans que j’aidais depuis sept ans, affirme Chantal Blais. J’ai aussi quitté mon fiancé et mes amis pour me réfugier dans une petite cabane en bois au creux d’une vallée de la région de Sutton, où la présence des ondes est vraiment minime. Cet endroit est sans électricité, avec seulement une toilette sèche, un petit lavabo de cuisine n’ayant que l’eau froide, un poêle de camping au propane pour cuisiner et un petit frigo situé à environ 50 pieds de ma cabane. C’est le seul endroit que j’ai trouvé où mes douleurs diminuent.»

Cependant, Mme Blais ne peut pas demeurer dans ce coin isolé durant l’hiver, ce qui l’a obligé à retourner en sol magogois en novembre dernier. Malheureusement, toutes ses douleurs sont réapparues. «Je m’inquiète terriblement pour ma santé dans les mois à venir. Ce sont des souffrances inhumaines qui sont difficiles à décrire avec des mots tellement elles sont insupportables. Il y a les maux de tête, les nausées, les palpitations au cœur, les problèmes de sommeil, la fatigue omniprésente, la difficulté à respirer, les problèmes de peau, les douleurs musculaires et les tremblements. Parfois, je ne suis même plus capable de marcher et de parler. Je vis un véritable cauchemar», confie-t-elle.

Sachant pertinemment qu’il n’y a pas de remède contre l’électrosensibilité, du moins pour l’instant, Chantal Blais doit accepter que son combat en est un pour le reste de ses jours. La seule chose qu’elle demande est de la compréhension de la part des décideurs politiques, qui ont le pouvoir de ne pas rendre la situation pire qu’elle ne l’est déjà. Ce qui pourrait se traduire notamment par des moratoires pour que les municipalités soient sans compteur émettant des radiofréquences.

Puisqu’en cas contraire, l’espoir d’une vie meilleure serait soudainement anéanti. Et sans espoir, il est difficile d’avoir la force, l’énergie et la volonté nécessaires pour survivre dans un tel chaos.

«J’ai une amie électrosensible qui a décidé de mettre fin à sa souffrance l’été dernier. C’est en sa mémoire que je veux me battre et monter aux barricades, car je souhaite de tout cœur qu’aucune personne ne vive la même chose que nous», conclut-elle la voix tremblante d’émotions.