Le déclin de la relève

Nous sommes en novembre 1990 après une bordée de neige abondante et lourde faisant tomber arbres et fils de services. Je suis appelé en équipe d’urgence pour rétablir le service chez les abonnés.

C’était alors ma première visite dans les Cantons de l’Est. Après avoir parcouru le territoire et raccorder les abonnés, j’ai eu amplement le temps de contempler le décor absolument renversant pour un gars qui a vécu à Joliette pratiquement toute sa vie et habitué de voir des champs de tabac.

Le travail étant terminé, je m’apprêtais à quitter pour Montréal quand tout à coup, je reçois une offre d’une petite compagnie locale en pleine expansion pour un travail à temps plein dans ma sphère d’activité en périphérie de Magog, j’accepte l’offre. Quelques mois passèrent me permettant de découvrir une ville dynamique, un parc industriel prospère, un centre-ville qui bouge, les nombreux touristes, la proximité d’axes routiers importants et de Sherbrooke, bref, la meilleure place qui soit, je suis convaincu.

Après avoir connu mon amour de toujours dans la région, nous avons fondé une famille de trois enfants, découvert tout le milieu relié aux jeunes et apprécié la chaleur humaine et l’accueil de nos voisins, une ville qui pouvait se targuer d’être la Place de la famille. Les enfants grandissent, nous nous impliquons dans leurs activités scolaires et sportives et connaissons par le fait même plusieurs parents de divers milieux.

Les années de vaches maigres pour la région commencèrent après le début du nouveau millénaire, fermetures d’usine, pertes d’emplois, nous sommes heureusement épargnés, mais avons vu plusieurs amis perdent leur emploi.

Par contre dans notre MRC, la population augmente en même temps que le taux de natalité baisse ou reste stable. Une mauvaise planification d’urbanisme aura permis la construction de nombreux édifices à condos et de complexes gigantesques pour nos aînés, ce qui a eût pour effet d’attirer la masse des boomers à la retraite.

Effet pervers alors que l’on tente d’attirer de nouvelles entreprises, la croissance des aînés n’aide en rien la venue d’investisseurs pour arrêter l’exode de nos travailleurs vers les régions limitrophes, il suffit de surveiller la sortie 118 de l’autoroute aux heures de pointe pour comprendre le phénomène. Je crois que le pire est maintenant derrière nous puisque notre parc industriel est à nouveau vivant grâce aux PME qui s’y implantent. Cependant cette fois, nous avons un nouveau joueur outre les industries nous permettant d’explorer d’autres avenues et éviter d’avoir un seul créneau identifiant la région, il s’agit de Magog Technopole et les TIC.

Mais il faut les loger et les accueillir convenablement et le parc industriel n’est pas l’endroit, c’est comme si on regroupait les notaires, avocats, comptables dans un même édifice adjacent à nos usines et de surcroît vider le centre-ville. Nous pourrions installer les TIC dans un nouvel édifice avec restaurants et services près de l’école Montessori en favorisant l’étalement urbain, ça pourrait aussi avoir un effet domino et plusieurs professionnels pourraient quitter le centre-ville pour des locaux neufs.

Chers élus, vous avez pris des décisions, il est grand temps de trancher une fois pour toute et éviter de perdre cette manne que sont les TIC, c’est dans le centre-ville que nous devons maintenant investir, remplir les trous béants de l’entrée de la Ville sans en créer un deuxième à l’extrémité ouest et créer un dynamisme contagieux pour nos citoyens, nos jeunes, notre relève et cesser de toujours penser aux touristes qui de toute façon seront toujours au rendez-vous, maison Tourigny ou pas.

Comme famille, nous avons à notre manière fait notre part pour notre communauté, à vous maintenant décideurs de rassurer nos jeunes de demeurer ici et faire prospérer notre société à leur image, on en a amplement fait pour les aînés et les touristes c’est à nos jeunes qu’il faut maintenant penser et rien d’autre, les nôtres sont prêts pour le marché du travail, évitons le déclin de notre relève.

 

Alain Millette

Magog