Droits sociaux en péril

En cette Journée internationale des droits de l’Homme de l’ONU (10 décembre), nous interpellons à nouveau les élus. Les organismes communautaires de défense collective des droits de l’Estrie sont très inquiets de l’attitude du gouvernement à l’égard des droits sociaux de la population québécoise.

Dans un contexte où le gouvernement sabre allègrement dans les programmes et services publics, c’est à la protection de nos droits sociaux qu’il s’attaque. Ces programmes et services ont été gagnés collectivement par des luttes actives de la population, principalement pour deux objectifs :

1- afin de nous protéger en cas de difficultés et de soutenir celles et ceux qui vivent des problématiques en lien avec les droits reconnus (exemples : santé, normes du travail, aide sociale, logement social, etc.)

2- pour favoriser l’égalité des chances entre les individus (exemples : CPE, éducation, charte de droits de la personne, soutien aux personnes handicapées, etc.).

Les groupes de défense collective des droits dénoncent haut et fort l’impact dévastateur de l’austérité sur la population ainsi que la déresponsabilisation de l’État envers les personnes les plus vulnérables qui seront immanquablement les plus touchées.

Dans la politique de reconnaissance de l’action communautaire, adoptée en 2001, le gouvernement reconnaissait l’apport essentiel des groupes de défense collective des droits dans l’avènement de notre société respectueuse des droits sociaux. Par contre, depuis 2003, nos groupes n’ont pas eu d’augmentation, sauf quelques exceptions ciblées, ni d’indexation. Les organismes de défense collective des droits s’enlisent dans un sous-financement chronique, en moyenne de 45 000 $/an en Estrie. Ce qui démontre le peu d’importance accordée par le gouvernement à la défense des droits sociaux.

En plus, plusieurs ministères nous utilisent comme cheap labor pour des services qu’ils n’offrent plus, comme répondre à des questions ou soutenir une personne dans la rédaction d’un formulaire de demande ou d’une plainte. Pourtant, notre rôle, tel que reconnu par le gouvernement, est de faire des actions collectives pour améliorer le respect des droits sociaux, pas d’être des sous-traitants!

Autre signe inquiétant, le désengagement de l’État face aux droits sociaux : il nous propose une entente de financement sur 18 mois, au lieu des trois ans habituel. En plus, plusieurs organismes auraient normalement dû recevoir leur financement au plus tard le 30 novembre et l’attendent toujours. Créant ainsi de l’endettement et parfois des fermetures temporaires par manque de liquidité.

En cette journée mondiale des droits sociaux, nous refaisons une guignolée de députés de la région pour leur rappeler l’importance des droits sociaux et leur remémorer que nous sommes toujours sans réponse quant à nos revendications : l’indexation rétroactive à 2001 (pour corriger l’iniquité avec les organismes en santé, services sociaux) et l’augmentation du financement pour atteindre les seuils planchers (le minimum requis pour remplir notre mission) du Réseau québécois de l’Action communautaire autonome.

Depuis maintenant trois ans, les organismes estriens de défense collective des droits discutent régulièrement avec les députés. Si cette nouvelle tentative reste vaine, nous devrons monter le ton. Les droits sociaux sont essentiels et ils se défendent collectivement!

Les 25 groupes en défense collective des droits de l’Estrie sont très présents auprès de la population. Ils agissent comme chiens de garde du respect des droits sociaux. Nous sommes actifs dans plusieurs secteurs en lien avec les droits reconnus dans les différentes Lois, Chartes et Pactes que nous avons adoptés ou ratifiés.

 

Manon Brunelle, Illusion Emploi de l’Estrie

Viviane Doré-Nadeau, Concertaction femmes Estrie

Alexandre Lavallée, Table ronde des OVEP de l’Estrie

Pour le caucus estrien de défense collective de droits