400 policiers pour lutter contre la pornographie juvénile

DOSSIER. Depuis deux ans, une force spéciale de 400 policiers basés aux quatre coins du Québec enquête les crimes relatifs à l’exploitation sexuelle des enfants. Une situation qui n’est pas étrangère à l’augmentation du taux de criminalité relié à la pornographie juvénile et des infractions sexuelles contre les enfants.

En cinq ans, les cas de pornographie juvénile ont augmenté de 13% au Québec, passant de 451 en 2009 à 508 en 2013. Alors qu’ils ont chuté de 61%, Montréal, ils ont bondi de 614% à Québec, passant de 7 à 50 sur la même période. C’est cependant dans la métropole que l’on retrouve le plus de cas de pornographie juvénile per capita (moyenne sur cinq ans).

En 2009, la Sûreté du Québec a créé le module d’enquête sur l’exploitation sexuelle des enfants sur Internet (ESEI) et a mis en place, en 2012, une coordination provinciale. «Il y a eu un ajout de ressources au niveau de l’ESEI et on a formé 400 policiers-enquêteurs sur ce type de criminalité, tant au niveau de la Sûreté du Québec que des Sûretés municipales», explique le sergent Benoit Richard, porte-parole de la SQ.

Cela a eu un effet direct sur les statistiques. «Oui, ça a amené une hausse, mais cette hausse-là est une criminalité initiée. Il n’y a personne qui va dire scuse, j’ai de la pornographie juvénile dans mes poches et j’aimerais ça te le montrer! Les policiers doivent fouiller et chercher», ajoute le policier. Il mentionne que l’objectif de l’ESEI était d’avoir une cohérence dans l’intervention relative à l’exploitation sexuelle des enfants. «Et cette cohérence, on la constate. Il y a une hausse parce que le travail s’est raffiné et se fait de façon très structurée.»

«À la base, le travail qui est fait [par l’ESEI] est bien fait. On réussit à aller chercher les suspects qu’on veut aller chercher, mais on n’a pas fini. Il y a encore du travail à faire. L’idée de base, c’est de continuer à faire de la prévention dans les écoles, d’être présent et de faire de la répression», poursuit le sergent Richard.

Et chaque arrestation en cette matière est médiatisée, cela fait partie d’une stratégie d’enquête. «C’est important d’avoir des dénonciations pour ces crimes-là.»

Sensibilisation

À Saint-Eustache, deux cas de pornographie juvénile ont été enregistrés en 2012 et en 2013, plaçant ce service de police au bas du classement (102e) par 100 000 habitants. Malgré cela, Normand Brûlotte, agent aux relations communautaires et médiatiques au Service de police de Saint-Eustache, se dit préoccupé par le phénomène. «La venue d’Internet a beaucoup changé la criminalité. Il y a une grande problématique en lien avec la pornographie juvénile chez les jeunes de 12 et 13 ans. Ils s’envoient des photos. Ils sont donc victimes et suspects [en produisant du matériel de pornographie juvénile]», indique-t-il. Notons que le Code criminel s’applique, au Canada, dès l’âge de 12 ans. Voulant sensibiliser les parents à cette situation, le Service de police a organisé une rencontre d’information. «Aucun parent ne s’est présenté», souligne-t-il.

Pas plus tard qu’en novembre 2013, dix ados, âgés de 13 à 15 ans, ont été arrêtés à Laval pour avoir diffusé par courriel et sur les réseaux sociaux des photos de sept adolescentes. Ces dernières auraient transmis les images aux suspects via Snapchat, une application mobile de partage de photos et de vidéos. Les dix jeunes s’exposent à des accusations de production, de possession et de distribution de matériel de pornographie juvénile.

Les infractions sexuelles contre les enfants, qui regroupent notamment les contacts sexuels, l’incitation à des contacts sexuels, l’exploitation sexuelle et le leurre d’enfants au moyen d’un ordinateur, ont pour leur part augmenté de 62% entre 2009 et 2013.

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