État du marché de l’art contemporain à Magog

ARTS. Le marché de l’art contemporain est-il en croissance en Estrie? Marcel Courtemanche de la Galerie Courtemanche, et Jean-Michel Correia de la Galerie du Théâtre-Magog-Art contemporain lèvent le voile sur une industrie en constante évolution.

Marcel Courtemanche est devenu galeriste par la force des choses, car il encadrait déjà de nombreux tableaux. «Après la mort de Normand Hudon, un peintre très recherché, sa veuve m’a offert d’écouler ses toiles de collection, ce qui m’a fait connaître ici, il y a 22 ans», se souvient-il. Il n’est cependant pas peintre lui-même.

Quant à Jean-Michel Correia, copropriétaire avec Catherine Correia de la Galerie du Théâtre- Magog-Art contemporain depuis trois ans, il gravite depuis 37 ans dans le monde artistique. Il a entamé sa collection d’œuvres à l’âge de 24 ans et est arrivé au Québec en 1985 pour ne s’y établir qu’en 2006. Il se définit comme peintre minimaliste et abstrait.

Quel est le marché de l’art à Magog?

MC:Nous vendons majoritairement à des personnes de l’extérieur qui ont une résidence secondaire à Magog et qui souhaitent avoir une oeuvre originale sur leur mur, non pas une toile ou une affiche de chez IKEA. C’est sûr que ce sont des gens ayant un peu plus d’argent qui achètent des œuvres originales. Il y a tout de même quelques jeunes professionnels qui commencent une collection, mais ce n’est pas notre plus grande clientèle. Il faut savoir que le marché n’est pas facile. Si on était à Québec, ce serait différent, mais ici à Magog, la clientèle est restreinte, alors il faut jumeler ça avec autres choses, comme l’encadrement et le traitement d’images.

JMC:Nous voyons souvent de jeunes couples de moins de 40 ans se procurer des œuvres entre 600 $ et 1000 $, et on sent qu’ils souhaitent commencer une collection d’œuvres. Ils comprennent que plutôt d’acheter un tableau chez IKEA par exemple, ils préfèrent une toile originale qui a un vécu. Les gens ont ensuite plus tendance à suivre l’artiste qui a produit l’oeuvre qu’ils se sont procurée. Malgré cela, tout est encore à faire ici en Estrie. Il y a cependant de l’espoir, puisqu’il y a peu de galeries qui présentent de l’art contemporain en région, et c’est un atout supplémentaire pour notre ville.

Le marché est-il en croissance?

MC:Le marché des toiles n’est pas en croissance actuellement. Mais celui des toiles de collection, c’est autre chose. Nous recevons tout de même de 30 à 40 personnes chaque semaine.

JMC:Le marché à Magog est en légère croissance. Pour notre part, nous réussissons à vendre de 7000 $ à 15 000 $ d’œuvres par mois, ce qui parait beaucoup, mais une fois l’artiste et le local payés, il en reste déjà beaucoup moins. Mais tout n’est pas noir pour autant. S’il y a des ventes, c’est qu’il y a de l’intérêt.

Quelle est la place de Magog en peinture?

MC:Grâce au Circuit des arts, on réussit à attirer un bon public, mais pour les galeristes, c’est plus ou moins bon, parce que les gens de Magog attendent cet événement pour aller se procurer une peinture directement chez l’artiste, et c’est normal, puisqu’on a la chance de le voir à l’oeuvre. C’est donc très bon pour l’artiste, et un peu aussi pour nous, car c’est vrai que ça attire des gens chez nous.

JMC:Beaucoup de Montréalais passent à la galerie durant le week-end, et plusieurs sont des visiteurs récurrents. C’est une belle vitrine pour les attirer chez nous. Il se crée également plusieurs partenariats en Estrie de même qu’à Montréal, et de multiples expositions ont lieu un peu partout sur le territoire, ce qui augmente la visibilité de nos artistes.

La Galerie du Théâtre-Magog-Art contemporain est l’hôte jusqu’au 11 janvier d’une nouvelle exposition intitulée Archipapierpeinturesculptures exposant une vingtaine d?œuvres de la peintre-sculpteur Isabelle Leduc. La fille du grand peintre Fernand Leduc, récemment décédé, privilégie le papier fait main, les baguettes de bois et la peinture. Dans cette exposition, elle présente un résumé de sa carrière de 1996 à 2014 sous forme de morceaux choisis regroupés en îlots.

Quant à la Galerie Courtemanche, elle expose entre autres de nombreuses toiles de Jennifer Brook. Les murs sont également ornés d’une foule d’autres artistes des plus originaux qui méritent d’être découverts du public.