Faisons de notre propre bonheur une priorité

Nous sommes en période de Noël et de l’arrivée d’une prochaine année. En cette période, nos résolutions sont soit d’atteindre ou de garder ou d’augmenter notre bonheur. Faisons donc de notre propre bonheur une priorité. C’est facile, me direz-vous, d’écrire ou de dire cela, mais pas facile à réaliser. Vous avez raison, c’est plus facile d’être malheureux; il suffit de s’asseoir, de chialer et d’attendre.

Le philosophe Alain dans son livre, le «Propos sur le bonheur», écrit qu’«il y a plus de volonté que l’on croit dans le bonheur» et que «l’effort que l’on fait pour être heureux n’est jamais perdu».

Dans les années 1968-1970, à la fin de mon cours classique au Séminaire

St-Charles de Sherbrooke, j’ai lu ce livre. C’était nouveau pour moi de lire sur le bonheur. Parler du bonheur à cette époque, c’était rare pour ne pas dire totalement absent de nos discussions ou réflexion; la religion avait toute la place; jamais on ne parlait de bonheur dans la religion sauf, nous disait-on, qu’il existait un bonheur éternel au Ciel en autant que nous n’ayons pas péché.

J’ouvre ici une parenthèse. Je m’adresse aux jeunes dont le mot péché ne fait pas partie de leur vocabulaire, à moins d’aller vérifier dans un dictionnaire; nos jeunes ne savent pas ce qu’est un péché. La religion nous enseignait que mourir avec un péché véniel, nous allions au ciel en passant par le purgatoire, mais mourir avec un péché mortel, nous allions en enfer. Un vol à l’étalage pouvait être considéré comme un péché véniel, mais se donner un plaisir sexuel pouvait nous amener directement en enfer.

Lorsqu’on allait à la confesse et que l’on s’accusait d’avoir fait un touché sexuel, le prêtre qui entendait notre confession nous demandait immédiatement : «seul ou avec d’autres ?» Notre pénitence était différente si c’était seul ou avec d’autres, soit une dizaine de chapelets ou un chapelet au complet. Le problème, en ce qui me concerne, n’était pas nécessairement la religion, mais le fait qu’on croyait tout cela sans remettre le tout en question.

Alain nous écrit «qu’on devrait bien enseigner aux enfants l’art d’être heureux». Je crains que l’on ne puisse donner aux jeunes ce que l’on n’a pas. C’est un vœu pieux, mais tellement important pour la formation de nos jeunes. Les cours de philosophie sont pratiquement disparus de nos écoles. Les cours de philosophie nous amenaient à penser, à réfléchir, à méditer sur la vie en général.

Je me souviens qu’en Rhétorique (1re année de CEGEP), l’on nous faisait lire des penseurs tel que Sartre, Camus. Or, cinquante ans plus tard, je me souviens encore avoir réfléchi sur une phrase de Camus qui disait que «le bonheur c’est de courir après sachant que l’on ne l’aura jamais.». En d’autres mots, il nous disait que quel que soit notre situation, il ne faut jamais lâcher, jamais arrêter.

Je me permets, sans prétention bien sûr, de vous soumettre quelques réflexions, résultats d’années vécus sur Terre et de lectures de grands penseurs. Je vous le dis tout de suite avant que vous me le disiez : je n’ai pas la vérité; je la cherche et la chercherai toujours. J’ignore les gens qui ont la vérité.

La première priorité pour faire notre bonheur, c’est de s’aimer soi-même. Si je ne m’aime pas, je ne pourrai jamais aimer les autres.

La deuxième priorité pour faire notre bonheur, c’est de vivre au présent. N’oublions jamais que c’est le passé qui nous a amenés au présent et c’est le présent qui va nous amener au futur. La seule chose de vraie dans la vie c’est le présent. Il faut aimer le présent, apprécier ce que nous sommes, ce que nous avons aujourd’hui, en gardant toujours un espoir pour demain.

La troisième priorité pour faire notre bonheur, c’est de retirer des leçons de nos erreurs. Si nous ne faisons rien, nous ne ferons pas d’erreurs qui sont le tremplin d’une vie meilleure.

La quatrième priorité pour faire notre bonheur, c’est de fuir comme la peste les gens qui vivent dans le déni, ils vous feront mal un jour. Ce sont des gens qui cherchent le bonheur dans des fausses valeurs. Vous les reconnaissez à ce que ce sont des gens qui ne sont pas vrais et qui sont superficiels dans tout.

La cinquième priorité pour faire notre bonheur, au risque de me répéter, c’est d’écouter notre voix intérieure. C’est un art que de l’écouter cette voix intérieure. Celui ou celle qui vit dans le déni, s’arrange toujours pour ne pas l’écouter cette voix en se convainquant du contraire; ces gens sont allergiques au bonheur, mais ils sont de parfaits amoureux du superficiel.

Vous pouvez vous-même continuer vos priorités.

Je suis conscient que mes dernières chroniques ont tourné autour de ce thème du bonheur, de cette paix intérieure que l’on recherche tous. J’aime dire que vivre heureux, c’est un art et un art ça s’apprend.

À tous sans exception aucune, je vous souhaite pour 2105, de trouver et de garder votre paix intérieure, la maison où le bonheur aime vivre.

 

Me Laurent Pelletier, avocat à la retraite

laurent@laupel.com