De grands honneurs pour un vétéran magogois

JOUR DU SOUVENIR Le Magogois Georges Turgeon est l’un des six vétérans de la Deuxième Guerre mondiale qui ont été honorés le 8 novembre, à Sherbrooke. Ce dernier a été nommé au grade de Chevalier de l’Ordre national de la Légion d’honneur. Il s’agit de la plus haute décoration honorifique décernée par la République française.

M. Turgeon, qui a participé à la guerre du début à la fin, se dit très heureux de recevoir cette récompense. «Je suis ému. Ce prix est une grande surprise, et franchement, c’est tout un honneur. Ça fait réfléchir!», lance-t-il.

À l’époque, il était l’un des plus jeunes militaires à partir pour la guerre. «Quand j’ai eu 18 ans, ils m’ont tout de suite envoyé en Angleterre. C’est là que j’ai fait mon début dans l’aviation. On a ensuite fait le débarquement de Normandie. Le vrai boulot commençait», se rappelle l’homme aujourd’hui âgé de 92 ans.

Ne pouvant piloter à cause de sa myopie, Georges Turgeon plaçait les bombes, mettait l’essence dans les avions, s’occupait de les réparer et de les surveiller. Une de ses aventures lui a déjà valu d’être honoré par le passé.

«Un jour que je surveillais les avions, un des nôtres est revenu du front endommagé. Il est atterri trop rapidement et son poids l’a fait chavirer. Je me suis rendu à l’accident. Ça pouvait exploser», se souvient-il.

Le caporal a creusé avec ses mains pour sortir le pilote de l’embarras. Il l’a ensuite défait de son équipement. Du secours est finalement arrivé et ils ont pu relever l’avion pour sauver le pilote.

«C’est mon aventure», souligne-t-il humblement, avant de se remémorer un autre souvenir marquant. «Il y a 20 ans, un juif que nous avions libéré d’un camp de concentration est venu au Québec. Il a écrit un livre sur sa vie. Je l’ai rencontré, et il me l’a dédicacé.»

Au cours de la guerre, M. Turgeon affirme ne jamais avoir eu de baisse de moral. «C’était toujours du nouveau. J’étais serein et je n’ai jamais eu peur de mourir. J’étais confiant, et c’était mon boulot. Il me semble que mourir, ce n’était pas pour moi.»

Georges Turgeon garde donc un bon souvenir de son service militaire. «Pour moi, ça a été bon. Faire la guerre à 20 ans, c’est quelque chose. Ça m’a fait grandir et ça m’a fait aimer la vie.»

C’est justement de sa vie dont M. Turgeon est le plus fier. Après la guerre, l’homme originaire de Québec a eu un parcours bien rempli.

«Je me suis marié et j’ai eu deux enfants. J’ai été propriétaire d’une compagnie de bois et ensuite d’une compagnie de viandes. J’ai vendu tout ça à 50 ans et je me suis acheté un voilier. Je suis parti trois ans dans les Caraïbes avec mes deux fils, sur mon bateau. J’ai eu une belle vie!», fait-il valoir.

Georges Turgeon a par la suite vécu en France, avant de venir s’installer à Magog pour de bon. «Avec ma femme et mes enfants, on louait un chalet et on venait faire du ski à Orford. J’ai aimé l’ambiance de la ville et c’est pourquoi nous nous y sommes finalement installés. J’aime Magog», de dire le vétéran.

M. Turgeon a toujours une assez bonne santé, ce qui lui permet, encore aujourd’hui, de voyager. «Depuis ma retraite, je me suis promené beaucoup. J’ai entre autres fait des croisières, et il y a trois ans, j’ai passé quelques mois au Sénégal», précise-t-il.

La remise des médailles a eu lieu à la Cathédrale St-Michel de Sherbrooke et la cérémonie s’est poursuivie au Cénotaphe de la rue King. Les anciens combattants ont ensuite été reçus à l’Hôtel de Ville pour la signature du livre d’or.