L’homme aux 100 000 pizzas

RESTAURATION. Même s’il est difficile de calculer le nombre exact, on peut présumer que Richard Lacroix a aisément confectionné plus de 100 000 pizzas au cours de sa carrière. Une chose est sûre cependant, c’est que le célèbre cuisinier de la Pizzeria Orford est seul dans sa catégorie, lui qui travaille au même endroit depuis 45 ans.

Embauché le 12 septembre 1970, à peine un an après l’ouverture du restaurant de la rue Principale ouest à Magog, Richard Lacroix est un modèle de fidélité et de longévité.

Et la fidélité semble être une valeur familiale chez les Lacroix, puisque son frère Claude travaille également à la Pizzeria Orford depuis 42 ans, en plus d’en être le copropriétaire (avec Andréa Labrie) depuis juin 2012. «Mon père a travaillé 40 ans à la Dominion Textile et, à l’époque, je trouvais ça presque inconcevable d’occuper le même emploi aussi longtemps. Il serait sans doute fier de voir que deux de ses fils ont fait plus de 40 ans au même endroit», lance M. Lacroix.

«Lorsque j’ai été embauché ici, j’arrivais du restaurant Magog BBQ. En partant, mon (ex)patron m’avait dit que je ne durerais pas plus de six mois à la Pizzeria. Il s’est un peu trompé», lance en riant l’homme de 63 ans.

Toujours aussi passionné de la cuisine, Richard Lacroix était prédestiné à travailler dans ce domaine. «À l’âge de 9 ans, ma famille est déménagée à Eastman et j’allais laver de la vaisselle à l’Auberge du lac d’Argent. J’ai toujours voulu cuisiner et j’étais prêt à m’occuper de toute la famille; je souhaitais quasiment que ma mère ne soit plus capable de faire les repas», se remémore-t-il.

Homme de cœur

Rares sont les Magogois d’origine qui ne connaissent pas Richard Lacroix, un sympathique personnage, dont le cœur à l’ouvrage est égal à la générosité.

Impliqué de façon bénévole dans plusieurs organismes (hockey, baseball, chorale, etc.), il a aussi orchestré plusieurs activités de financement pour les personnes défavorisées et les enfants malades depuis une vingtaine d’années.

En compagnie de ses frères, il a récolté des dizaines de milliers de dollars à cette fin, notamment avec le Quillethon des frères Lacroix et le souper des démunis. «J’ai toujours aimé rendre service et rencontrer des gens. Grâce à mon travail, j’ai un contact direct avec le public et je l’apprécie au plus haut point», reconnaît ce bon vivant.

«Infidélités» passagères

Le sympathique cuisinier avoue avoir déjà vérifié si l’herbe était plus verte chez le voisin (d’autres restaurants), mais ses «infidélités» ont été de courte durée. «Je suis parti trois fois de la Pizzeria Orford pour différentes raisons, mais ça n’a jamais duré bien longtemps. Je me suis toujours aperçu, après quelques mois, que ma véritable place était ici», laisse entendre celui qui sera fêté par ses collègues le 28 septembre prochain.

Toujours passionné par son métier, Richard Lacroix n’entrevoit pas le jour où il devra accrocher son tablier. «S’il n’en tenait qu’à moi, je cuisinerais toute ma vie. Mais, peut-être qu’un jour, ma santé me dira d’arrêter. J’ai été opéré deux fois pour la même hanche (en 2002 et 2010) et on a découvert à ce moment que je souffrais d’arthrite rhumatoïde. Peu importe ce qui m’attend, je suis fier du chemin parcouru et je peux déjà dire mission accomplie», conclut-il.