L’autre combat d’Alain Bonnamie

BOXE. En 22 ans de carrière professionnelle, Alain Bonnamie a remporté la majorité de ses combats, que ce soit en karaté, au kick-boxing ou à la boxe. Depuis un peu plus d’un an, il est engagé dans une lutte à finir avec la maladie de Parkinson et il a bien l’intention de l’emporter par décision unanime.

Âgé de 51 ans, Bonnamie est aujourd’hui un homme d’affaires aguerri et il continue d’enseigner les arts martiaux.

En compagnie de sa conjointe Alexandra Schwartz, il s’apprête à ouvrir un troisième Studio Breathe au nouveau Carrefour Santé Globale de Magog. Depuis 2006, son entreprise à pignon sur rue à Montréal et une deuxième succursale a vu le jour au centre-ville de Sherbrooke en 2014.

Malgré le diagnostic sévère qui s’est abattu sur lui l’an dernier, il est toujours aussi actif physiquement et a même réussi à améliorer sa condition physique par différents traitements d’acupuncture et de nouvelles habitudes de vie. «J’ai entre autres coupé l’alcool, le sucre, la caféine et la viande rouge. Je ne veux pas prendre de médicaments pour cacher les symptômes. Je veux juste éliminer ce qui cause les symptômes de la maladie», explique-t-il.

«Il y a un an, je n’étais même pas capable de tenir mes clés sans trembler», donne-t-il en exemple, en soulevant délicatement son trousseau devant l’auteur de ces lignes.

Adepte des disciplines faisant appel au corps et à l’esprit, Alain Bonnamie s’adonne notamment au Qi Gong et communique régulièrement avec son «coach de vie», l’Américain Howard Shifke, auteur du site «fightingparkinsonsdrugfree.com». «Il a reçu un diagnostic de Parkinson en 2009, après avoir vu sa mère mourir de cette maladie quelques années plus tôt. Il s’est dit qu’il allait combattre la maladie sans médicament et il a réussi, puisqu’il n’a plus aucun symptôme aujourd’hui», laisse entendre l’ancien boxeur québécois.

«Étant donné que cette maladie semble héréditaire, je veux m’assurer que mes enfants sauront comment la traiter si jamais ils en sont atteints plus tard. C’est ma plus grande motivation», fait valoir ce père de famille de trois garçons.

Du stress en moins… à Magog

Soucieux de diminuer le stress de la vie quotidienne, Alain Bonnamie et son épouse ont pris une importante décision il y a un an, celle de quitter la Métropole pour s’établir dans la région de Magog.

Par un heureux concours de circonstances, le couple a pu dénicher une grande résidence située sur un terrain de 30 acres, dans le secteur de Georgeville. «Nous venions déjà régulièrement le week-end pour visiter la famille d’Alexandra, mais ça faisait quand même une différence de devenir des résidants à temps plein. Je suis né et j’ai grandi à Montréal, alors j’avoue avoir quitté la grande ville à reculons», reconnaît-il.

«Mais après quelques semaines, je me suis mis à apprécier ma nouvelle vie. Quel bonheur de voir mes deux chiens courir librement dans la nature, sans compter que je n’ai plus à me battre pour une place de stationnement», lance-t-il en riant.

Une fracture du nez et un chèque de… 90$ à ses débuts en kick-boxing

Initié au karaté à l’âge de 9 ans, Alain Bonnamie est l’un des rares athlètes à avoir été classé parmi les 10 meilleurs au monde dans trois disciplines de combat.

Détenteur d’une ceinture noire 5e dan en karaté Kyoskinkai, il a effectué plusieurs voyages au Japon pour des compétitions internationales, d’abord comme combattant et ensuite comme officiel. «En novembre prochain, j’irai aux Championnats du monde à Tokyo où je serai l’un des rares Québécois à arbitrer des matches. Même si j’ai passé du temps en kick-boxing et à la boxe, je n’ai jamais délaissé le karaté», a-t-il tenu à préciser.

Bonnamie l’avoue sans gêne, ce sont des questions financières qui l’ont poussé vers les autres disciplines. «Quand j’ai disputé mon premier combat professionnel de kick-boxing, je m’en suis sorti avec une fracture du nez… et un chèque de 90 $. J’étais tellement heureux d’être payé pour combattre. J’ai décidé à ce moment que c’est ce que je voulais faire de ma vie», se remémore-t-il.

Malgré des succès dans sa nouvelle discipline, l’athlète québécois décide à nouveau d’opter pour un autre sport en 1988. «Même si j’étais classé au quatrième rang mondial en kick-boxing, ma plus grosse bourse avait été de 2850 $. À mon premier combat de boxe, on m’a offert 10 000 $. La décision était facile à prendre».

Considéré comme un gentleman du ring, Alain Bonnamie a disputé de nombreux combats d’importance, infligeant notamment une première défaite à Davey Hilton en octobre 1990.

Sa carrière se termine officiellement par un K.O. technique le 10 octobre 2004, alors qu’il est âgé de 40 ans. «C’est le médecin qui a mis un terme au combat, parce que du sang s’écoulait de mon oreille. J’étais en furie sur le coup, mais par la suite, on a découvert que j’avais subi une fracture de l’étrier».

«J’ai gardé de nombreuses séquelles de mes combats. J’ai une côte fracturée qui n’a jamais guéri, j’ai un cartilage nasal complètement écrasé et je vois embrouillé de l’œil droit, même après avoir subi sept opérations. Mais, malgré tout ça, je recommencerais cette vie sans hésiter», a-t-il conclu.

Ouverture à l’automne?

Présent pour l’ouverture officielle du Carrefour Santé Globale le 10 septembre dernier, Alain Bonnamie espère pouvoir ouvrir lui-même son nouveau Studio Breathe au cours de l’automne. Ce centre d’entraînement offre des ateliers en groupe dans différents styles de yoga, en plus des cours d’arts martiaux, auto-défense, etc.

Père de trois garçons

Père d’un garçon de 20 ans né d’une précédente union, Alain Bonnamie a par la suite eu deux autres fils (âgés aujourd’hui de 4 et 7 ans) en compagnie d’Alexandra Schwartz. Cette dernière était l’une de ses élèves en karaté et le couple se fréquente depuis 14 ans. «Alexandra est ceinture noire en karaté et elle pourrait facilement donner des cours, mais elle préfère la gestion. Nous nous complétons bien, car, dans notre couple, c’est elle qui pense et moi j’agis», lance M. Bonnamie.

Montessori et le Café Lucas

La famille Bonnamie-Schwartz est rapidement tombée en amour avec la région Magog-Orford et ses services de proximité. «Nos enfants sont toujours heureux d’aller en classe parce qu’ils adorent l’école Montessori. Et ils aiment bien les desserts du Café Lucas», ajoute Alain Bonnamie, en faisant référence à son ancien collègue boxeur Éric Lucas.