L’aventure d’une vie en voilier pour une famille de Magog

FOLIE. Qui n’a jamais pensé un jour de tout laisser tomber pour réaliser son rêve le plus fou? Un souhait pour plusieurs qui s’est concrétisé en une vraie aventure pour une famille de Magog qui vogue sur des eaux étrangères depuis maintenant plus de cinq mois.

Mélanie Rancourt et Jonathan Turcotte entretenaient cette idée de fou depuis qu’ils ont acquis leur tout premier voilier en 2009. En naviguant pour le plaisir sur le Memphrémagog avec leurs trois enfants, Thierry, Cassiane et Emmanuel – maintenant âgés de 12, 10 et 7 ans –, ils s’imaginaient faire de leur passion un style de vie.

«Nous voulions prendre le temps d’être avec nos enfants. Arrêter pour un moment cette course contre la montre qu’est notre quotidien. Pour réaliser ce rêve, il fallait arrêter d’en parler et commencer à agir. Nous avons donc choisi une date sur le calendrier et mis tous nos efforts pour que ce soit possible!», raconte Mme Rancourt, interrogée en plein cœur du voyage.

De longues préparations

Évidemment, un tel projet nécessite beaucoup d’organisation. Jonathan a suivi plusieurs cours de voile, tandis que sa conjointe a pris en charge tout ce qui concerne l’éducation des enfants. Il leur a fallu également vendre plusieurs de leurs biens, dont la maison, la voiture et le voilier. Ce dernier était trop petit pour cette escapade en mer.

Une période intense, parfois même éprouvante, puisqu’ils ont dû mettre une croix sur leur avenir pour bâtir dans le présent. «Vendre la maison a été l’étape la plus difficile, tant pour les enfants que pour les parents. On se demandait si nous allions arriver à tout faire à temps. Eh bien oui! C’est le 11 novembre que nous sommes partis en avion, direction les Caraïbes», raconte-t-elle.

De nouvelles habitudes

L’aventure a pris son envol sur l’île Saint-Martin où la famille a acquis sa nouvelle «maison mobile» pour les prochains mois. Un voilier suffisamment grand pour permettre à chaque membre de la famille d’avoir sa propre cabine et d’y vivre sans trop se marcher sur les pieds.

Ils sont demeurés deux semaines à cet endroit, le temps d’effectuer quelques réparations, préparer l’équipement et habituer l’équipage à ce nouvel environnement. «Nous avons fait le grand ménage intérieur, apposé notre nom «Marama», installé un panneau solaire de plus, réparé l’autre, changé le drapeau pour celui du Canada et ajouté celui du Québec. La soirée s’est terminée avec deux épisodes des Parent.»

Un itinéraire à faire rêver

Depuis son départ, la famille Turcotte a parcouru environ 2000 milles nautiques, soit 3700 kilomètres. Ils ont visité des destinations paradisiaques telles que la Guadeloupe, Antigua, les Îles Vierges, Porto Rico et les Bahamas. Ils ont ensuite franchi la frontière étatsunienne à destination de la Floride pour un arrêt obligatoire à Walt Disney. À moins d’un changement, le périple doit se terminer au lac Champlain au cours des prochaines semaines.

«Les navigations sont longues, parfois jusqu’à 30 heures, dans des conditions pas toujours évidentes. Les enfants ont le mal de mer si celle-ci est agitée. Mais les difficultés rencontrées valent les grands moments de bonheur que nous vivons. C’est une expérience de vie incroyable pour les enfants. Nous le conseillons à toute personne prête à relever des défis!», conclut avec joie Mélanie Rancourt.

Il est possible de suivre ou de revivre l’aventure de ces Magogois en consultant le voiliermarama.blogspot.ca

Vivre au quotidien sur un voilier…

Épicerie

«Faire l’épicerie signifie la trouver et voir si c’est facile d’y retourner. C’est ce qui va déterminer notre ravitaillement. Il faut partir en annexe (petite embarcation), marcher, revenir avec nos sacs pleins de nourriture et d’eau, mettre les sacs dans l’annexe, ressortir le tout et ranger l’embarcation dans le bateau. Tout ça à une chaleur écrasante!»

Éducation

«L’école se fait presque toujours le matin de 8 h à 11 h 30. Jonathan s’occupe des mathématiques et de la science. Je m’occupe du français, de l’anglais et de l’univers social. À notre école, nous ne faisons pas la différence entre jours de semaine et fin de semaine. Nous ne pouvons pas faire l’école lors des navigations, car c’est trop difficile avec le vent et les vagues.»

Coûts

«Notre rythme de vie ne coûte pas vraiment plus cher que si nous étions à la maison. Nous avons à payer pour notre nourriture, l’eau, l’essence, l’assurance, la buanderie, la maintenance du bateau et les frais de douanes. Nous allons rarement dans une marina, mangeons rarement au restaurant et dormons toujours dans notre bateau, à l’exception de Disney World.»

Inquiétudes

«Nos plus grandes inquiétudes sont surtout nos premières fois. Première navigation loin des côtes, première navigation de nuit et première navigation sous un pont. Allons-nous resté pris dans des cages de pêcheurs? Est-ce que les gros cargos vont nous voir? Y aura-t-il un bris avec le safran (gouvernail) ou le moteur? Des orages? Heureusement, avec l’expérience, nos inquiétudes diminuent.»

Famille

«C’est certain que notre famille et nos amis nous manquent. Nous essayons de rester en contact par courriel. Par contre, nous n’y avons pas accès régulièrement. À notre retour, le plus difficile sera sans doute de reprendre notre ancien rythme de vie!»

Hygiène

«Pour le lavage, ce n’est pas toujours facilement accessible. Disons qu’on économise un peu plus nos vêtements. D’ailleurs, les rencontres avec d’autres équipages se font souvent entre deux brassées de lavage. Pour se laver, on saute à l’eau, on se savonne, on saute une autre fois et on se rince à l’eau douce.»