Trappeur des temps modernes

Le métier de trappeur n’est plus très en vogue. Un homme de la région fait cependant partie des quelques personnes qui pratiquent toujours le trappage en Estrie, et ce, depuis plus de vingt ans à raison de quelques sorties par année.

Déjà à dix ans, André-Denis Longpré aimait la nature et la forêt et s’y rendait fréquemment. Il y installait des collets à lièvre et y pêchait de son propre chef. Sa famille profitait donc des prises du gamin qu’il était pour les repas. Cette passion est donc bien ancrée au fond de lui depuis ce temps.

Ce trappeur urbain ne pratique toutefois pas le trappage pendant ses temps morts, qu’il dit ne pas avoir en raison de la boutique Nature Autochtone qu’il dirige depuis une dizaine d’années et de ses nombreux projets. Il n’en fait que lorsqu’on le lui demande.

«En Estrie, environ 94% des terres sont privées, on doit alors trapper chez les gens, j’attends donc qu’ils m’appellent pour aller trapper chez eux s’ils ont des problèmes de castors, de rats musqués ou de coyotes. Parfois, j’établis des ententes avec eux pour y trapper régulièrement», explique M. Longpré. Il explique que le trappage sert entre autres à exercer un contrôle sur les populations de prédateurs comme le coyote. «En prélevant un coyote, je peux peut-être sauver une dizaine de chevreuil», poursuit-il. «Mais on n’a le droit de trapper que les animaux qui sont en quantité suffisante dans la région. En quelque sorte, c’est une gestion de la faune que les trappeurs font.»

Pour ce faire, il a suivi une formation sur le trappage dont il possède un certificat et se limite à de petites quantités de prises par année pour exercer ce contrôle.

M. Longpré ne prend cependant pas plaisir à donner la mort aux animaux, au contraire. «Avant de passer à l’action pour une famille de castors par exemple, j’essaie toujours de faire comprendre aux gens que ces bêtes étaient là avant l’arrivée de l’homme et qu’elles ont leur place dans la forêt. Alors au lieu de les éliminer, je propose de n’en prélever que quelques-uns. Comme ça, les dommages causés à la propriété sont moindres et la population est contrôlée.»

Dans l’esprit de M. Longpré, la chasse et le trappage sont utiles pour se nourrir ou pour exercer une gestion, mais aucun d’eux ne devrait être pratiqué pour ramener un trophée. «Un animal, c’est plus qu’un panache.» Ce trappeur des temps modernes s’assure d’œuvrer en harmonie avec l’environnement.

«Les techniques se sont beaucoup améliorées avec les années. Quand j’installe mes pièges ou mes collets, je les place toujours de façon à ce que l’animal se prenne le plus rapidement possible et qu’il ait une mort des plus rapides. Grâce à ces avancées, il est même très rare que j’attrape un animal non désiré», clôture celui qui est de descendance amérindienne.