Michel Rousseau garde la tête haute

ÉCONOMIE. La mutation du commerce de détail et les ventes sur Internet sont parmi les facteurs ayant mené au naufrage de la Boutique nautique 30 degrés. Son propriétaire Michel Rousseau demeure optimiste, malgré qu’il s’agisse de la plus douloureuse épreuve de sa vie.

La faillite de ce commerce de la rue Principale Ouest a pris toute la communauté par surprise le 24 février dernier. Même s’il voyait le mur arriver depuis quelques mois, Michel Rousseau a été le premier surpris de se retrouver devant cet échec.

Pourtant, il y a à peine quelques années, les affaires étaient bonnes, même très florissantes. «J’ai acquis l’entreprise en 2009. En trois ans, j’ai réussi à doubler le chiffre d’affaires avec une clientèle surtout active sept mois par année. Tout allait bien, mais rapidement, plusieurs facteurs ont sérieusement compliqué les choses», admet-il.

En plus d’un contexte économique de plus en plus difficile, Michel Rousseau est l’une des victimes des transformations dans les habitudes de consommation. Comme plusieurs commerces de détail de Magog et du Québec, les fuites commerciales sur le Web font excessivement mal.

«Sur Internet, la compétition est féroce. Pour une petite entreprise, c’est presque impossible de tenir tête à de gros joueurs, qui offrent des prix tellement bas. On a beau dire aux gens d’encourager l’économie locale. J’essaie aussi de le faire dans la mesure du possible, mais lorsque la différence de prix est dans les trois ou quatre chiffres, je peux comprendre les gens d’acheter ailleurs.»

Même s’il a tout fait pour rectifier le tir et éviter le pire, Michel Rousseau a dû se rendre à l’évidence; la faillite était inévitable. En plus de perdre énormément d’argent, le résidant d’Orford a dû piler sur son orgueil pour l’annoncer publiquement. «Sur le coup, c’est vraiment l’échec. Tu te sens pas bon, t’as l’impression d’avoir perdu cinq ans de ta vie, t’as peur de ce que les gens vont penser. Je pensais que j’allais rester cacher dans mon sous-sol pendant des mois, tellement j’avais honte. Mais au contraire, j’ai reçu une vague de support incroyable.»

Ayant la région tatouée sur le cœur, l’homme d’affaires de 42 ans veut continuer à être un acteur de développement. Il souhaite faire partie de la solution pour que Magog devienne «une vraie destination touristique», en poursuivant notamment les activités de son entreprise Écorécréo Magog.

«Magog s’est assise trop longtemps sur ses acquis, en se fiant sur sa montagne et son lac. Chacun travaillait en silo. Depuis l’abolition du CLD, j’ai l’impression qu’il y a eu un réveil, un genre de tournant. Les gens du milieu se mobilisent, échangent entre eux et posent des gestes concrets pour offrir une meilleure offre aux touristes et aux gens locaux. C’est en travaillant ensemble qu’on va bâtir quelque chose de durable et d’attrayant. Est-il trop tard? C’est une question à laquelle je ne peux répondre, mais tant qu’on n’essaie pas, on ne le saura pas», conclut-il.