Le métier de policier en questions et réponses

Un policier peut-il faire des erreurs?

«Comme tous les humains, les policiers peuvent aussi faire des erreurs. Mais lorsqu’il s’agit d’erreurs éthiques qui salissent l’image et la réputation de notre employeur, pour moi, c’est inacceptable. On se doit d’être droit et il ne faut jamais oublier que nous sommes policiers, 24 h sur 24.»

Quelle est l’intervention la plus difficile à faire?

«Les annonces de décès sont quelque chose que je trouve toujours difficile. Il y en a une qui m’a particulièrement marquée. C’était un 23 décembre au soir et je devais annoncer à une famille que leur garçon de 18 ans était décédé. Le plus lourd, c’est le moment avant de cogner à la porte, car on sait que la vie de ces personnes ne sera plus jamais la même. Il y avait les cadeaux en dessous de l’arbre, je m’en souviendrai toujours.

Je me rappelle aussi de la fois où un véhicule a été percuté par un train. Les cinq personnes qui se trouvaient à l’intérieur sont décédées. Ce matin-là, j’ai dû annoncer la nouvelle à quatre des cinq familles impliquées, une après l’autre. C’était vraiment lourd comme situation.»

Quelle est l’intervention dont vous êtes la plus fière?

«Des suspects étaient recherchés en lien avec une introduction par effraction armée. J’étais à Eastman lorsque c’est arrivé. Il y avait peu d’information qui circulait. On savait simplement qu’ils étaient deux ou trois suspects, d’origine étrangère. Pour une raison que j’ignore, j’ai pensé que ces gens étaient peut-être de Montréal. J’ai donc décidé de m’installer sur l’autoroute au cas où que je les vois passer.

Un moment donné, je vu un véhicule avec un homme de couleur foncée au volant. J’étais dans un véhicule banalisé et j’ai vu dans son regard qu’il se demandait si c’était une voiture de police ou non. Mon «feeling» m’a dit de les suivre et c’est ce que j’ai fait. Après quelques minutes, ils sont sortis de l’autoroute pour s’engager sur un chemin en milieu rural.

Soudainement, le véhicule s’est immobilisé et le conducteur a bondi en ma direction avec des intentions menaçantes. Mon étui d’arme était «déclipsé», mon cœur battait à fond. Je suis sortie et j’ai réussi à menotter le conducteur et immobiliser les deux autres occupants avant l’arrivée des renforts. Je me souviens d’avoir crié si fort tellement j’étais concentrée et déterminée. Une fois qu’ils ont été arrêtés, on a trouvé dans la voiture un fusil à pompe et deux autres armes à feu chargées à bloc.

Je le sais que j’ai été chanceuse, car dans d’autres circonstances, j’aurais pu y laisser ma peau. J’ai suivi mes instincts et heureusement, tout s’est bien terminé.»

Quel traitement les gens arrêtés réservent-ils aux policiers?

«Je dois dire que ça n’arrive pas très souvent que les gens m’insultent. Personnellement, je crois que la réaction des gens va de pair avec l’attitude que projette le policier. Lorsque je suis en fonction, je fais toujours preuve de respect envers les gens en étant polie, en utilisant un ton calme et en leur donnant l’heure juste.

Ça m’est arrivée de me battre quelques fois et ça va arriver encore, mais généralement, ce sont les gens plus perturbés qui agissent ainsi. Je parle des gens qui en arrachent, qui vivent des moments difficiles et des problématiques graves. Il y a des gens qui ont des problèmes de drogue ou ceux qui prennent des médicaments avec de l’alcool. Ça ne donne pas un bon mélange. C’est le genre de personne qu’il faut se méfier le plus lors d’une intervention, car on ne sait jamais quand ils peuvent péter une coche. Il faut bien choisir nos mots et être constamment sur nos gardes.»

Qu’est-ce qui vous passionne dans votre métier?

«J’ai la chance d’exercer le plus beau métier du monde. À mes yeux, c’est une vocation. Tu as ça dans le sang. Honnêtement, je ne me serais pas vue faire autre chose. Quand j’étais toute petite, mon oncle travaillait à la SQ et je m’habillais avec son manteau vert. Je me souviens aussi que lorsque je voyais les lumières d’un véhicule d’urgence, je les fixais jusqu’au temps que je ne les voyais plus. C’est une passion qui m’accompagne depuis tellement longtemps. Je me dévoue pour mon travail, mais ma priorité numéro un restera toujours de revenir à la maison auprès de ma famille.»